Tortues Marines

La triste histoire de la tortue de mer dénommée, Thunderbird

La Journée mondiale de la tortue de mer est célébrée le 16 juin de chaque année afin de mettre en lumière et de sensibiliser le public aux tortues de mer et aux menaces qui pèsent sur elles. Dans le monde entier, les tortues de mer sont de plus en plus menacées. Six des sept espèces tortues de mer sont désormais classées comme vulnérables, en danger ou en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Les principales menaces sont la pollution, le braconnage et les captures accidentelles ou accessoires lors des activités de pêche. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prises accidentelles constituent la principale menace : on estime à 300 000 le nombre de tortues de mer prises accidentellement dans les pêcheries mondiales. Cette menace est illustrée par la triste histoire d’une tortue caouanne baptisée Thunderbird.

Au mois de juillet 2020, Thunderbird a été retrouvée empêtrée dans un engin de pêche abandonné en Méditerranée. La tortue a été sauvée et emmenée dans un centre de secours. Elle a été équipée d’une balise satellite pour suivre ses mouvements avant d’être libérée. Les chercheurs ont ensuite suivi la tortue depuis le détroit de Gibraltar jusqu’à la côte ouest de l’Afrique.

« Nous lui avons attaché une balise satellitaire avant de la libérer le 11 août, ce qui nous a permis de suivre son épopée de 6 000 km à travers la Méditerranée occidentale et les eaux au large de l’Afrique occidentale. Cette tortue nous a surpris en traversant le détroit de Gibraltar, une zone difficile en raison de ses forts courants et de la forte densité du trafic maritime, ce qui pourrait entraîner un risque élevé de percussion par des bateaux », a déclaré David March, des universités d’Exeter et de Barcelone, qui a participé à ce suivi.

En février 2021, Thunderbird se trouvait au large des côtes sénégalaises, mais le signal de sa balise est devenu erratique. Le 17 mars 2021, la tortue se trouvait sur terre ferme, près du port de Dakar. Après avoir vérifié que la batterie et le capteur de la balise fonctionnaient correctement, la dernière position a été référencée avec les données du portail Global Fishing Watch, qui indiquaient que cette position était proche d’un lieu de pêche utilisé par les chalutiers, ce qui pourrait indiquer qu’elle a été capturée accidentellement par un navire de pêche.

« Nous avons découvert que le dernier plongeon enregistré par la balise satellite se trouvait près d’un lieu de pêche utilisé par des chalutiers. Tout cela suggère que la tortue a été pris (capturée par accident) par un navire de pêche et ramenée au port. Nous ne savons pas si Thunderbird a été relâchée vivante après sa capture, ou si elle est morte à la suite de cette prise accidentelle », ajoute March.

Actuellement, les chercheurs utilisent des données satellitaires et travaillent avec des partenaires au Sénégal pour retrouver le bateau qui a capturé la tortue, dans l’espoir d’avoir plus d’informations sur le sort de Thunderbird.

L’Afrique de l’Ouest est l’une des zones de pêche les plus riches du monde, la région qui fournit un cinquième des prises mondiales de poissons, et inévitablement de nombreuses incidences de prises accessoires. Depuis 2017, BirdLife International en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux a eu pour objectif d’établir un cadre opérationnel pour réduire les prises accidentelles de tortues marines dans les pêcheries industrielles d’Afrique de l’Ouest. Le projet financé par la Fondation MAVA comporte cinq piliers clés, à savoir, le renforcement de la recherche et des capacités scientifiques, le renforcement des programmes d’observateurs, le plaidoyer pour la législation et les mesures d’atténuation, la sensibilisation et l’information du public, en plus de la durabilité et des partenariats.

« Il y a beaucoup d’activités de pêche non réglementées et/ou non durables au large de l’Afrique de l’Ouest, et nous travaillons avec des partenaires locaux et des sociétés de pêche pour adapter les engins et les méthodes de pêche afin de minimiser les prises accessoires de tortues de mer », a noté Ahmed Diame, responsable du projet sur les prises accessoires, chez BirdLife Afrique.

« Nous identifions également les principaux points chauds de la pêche – comme la zone où Thunderbird a été capturé ». Grace aux les informations recueillies par les observateurs à bord des navires de pêche industrielle et les données de suivi des tortues marines, nous serons en mesure d’identifier les principales zones et périodes à risque pour les espèces capturées accidentellement lors des activités de pêche », ajoute Diame.

Comprendre les impacts spatiaux et temporels des différents types de pêche sur les populations de tortues marines est crucial pour la mise en place des stratégies de conservation durables. C’est dans cette optique que le projet a permis de mieux comprendre l’ampleur des prises accidentelles en Afrique de l’Ouest.

Un élément clé du projet est le renforcement des capacités par la mise en place de formations pour les observateurs de la pêche. Ces formations permettent aux observateurs d’acquérir des compétences sur l’identification des tortues de mer, les meilleures pratiques de manipulation des tortues de mer, les techniques d’atténuation des prises accidentelles de tortues de mer et les protocoles de collecte de données sur les prises accidentelles.

Du 31 mai au 04 juin 2021, l’équipe a organisé une formation régionale à Somone, au Sénégal, à laquelle ont participé 13 observateurs des pêches et gestionnaires de données sur les prises accidentelles de Mauritanie, Gambie, Cap vert, Guinée, Guinée Bissau et Sierra Leone. Cette formation s’inscrivait dans le cadre des efforts visant à établir un réseau de formateurs nationaux dans les différents pays concernés.   

« Ces interventions contribueront à la conservation des tortues de mer. À l’occasion de la Journée mondiale de la tortue de mer, nous devons agir rapidement pour sauver ces créatures majestueuses qui sont menacées », conclut M. Diame.

Article rédigé par Birdlife Africa.

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