Tortues Marines

Synthèse de l’étude sur les impacts des engins de pêche à poulpe en Mauritanie sur les tortues marines

Dans le cadre du projet de Survie des tortues marines, la section artisanale de la Fédération Nationale de Pêche (FNP) en Mauritanie, avec l’appui du Partenariat Régional pour la Conservation de la zone côtière et Marine en Afrique de l’Ouest (PRCM) a conduit une étude portant sur les impacts des engins de pêche à poulpe sur les tortues marines et leur site.  

Son objectif était d’évaluer les risques sur le milieu marin et sur les espèces notamment les tortues marines, de l’utilisation des engins de pêche aux poulpes en plastique, en Mauritanie, ainsi que la proposition d’alternatives durables à ce type d’engins qui soient non polluantes et efficaces à la fois.

L’étude livre des résultats particulièrement intéressants notamment sur les principales causes de pertes de ces engins de pêche allant de paramètres tels que la longueur des séries d’engins, l’impact de la pêche industrielle (principale cause de perte), etc.

Approche méthodologique

L’approche méthodologique s’est essentiellement fondée sur une estimation de la quantité des pots perdus (les campagnes en mer des chalutiers) à partir des données des pêches et enquêtes de perception auprès de cent (100) capitaines expérimentés et propriétaires d’embarcations dans la zone nord (Nouadhibou).

Le travail a consisté à̀ dénombrer tous les pots perdus et récupérés par le chalut. Depuis 2014, un protocole d’échantillonnage des pots perdus dans les stations de chalutage scientifiques est élaboré́ lors des campagnes démersales de l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et de Pêches (IMROP) couvrant tout le plateau continental mauritanien avec 101 stations chalutées.

Principaux résultats obtenus

L’étude a ainsi révélé que l’estimation des pots perdus avoisine 7 millions en 2017. La répartition des pots perdus par zone montre que la zone nord du littoral mauritanien totalise plus de 63 % des pots perdus suivi de loin par la zone centre avec un taux de 24 %. Par ailleurs, l’étude, la mortalité́ et l’échouage des tortues marines sont fréquentes dans la zone mauritanienne.

Dans le cas de perte de lestage, les pots perdus se mettent à la dérive suivant la dynamique des courants de surface. En effet, l’étude de la courantologie de la zone montre que la direction des courants passe par les îles du Cap Vert ce qui en fait des lieux probables d’échouages des pots en saison froide notamment. L’échouage de ces pots sur les côtes de ces îles pourrait constituer une menace pour les tortues marines, en termes de barrières physiques pour la reproduction.

Pour la zone du Banc d’Arguin qui abrite une colonie des tortues marines, l’étude renseigne que les menaces peuvent être de différentes types allant du rejet de plastiques à la ligne mère des séries de pots à poulpe

Il faut noter que les plastiques sont ingérés par les tortues marines qui les confondent avec des proies. Les plastiques de petite taille et les micro plastiques sont à l’origine d’une contamination par des polluants (p.ex. hydrocarbures) lors de leur métabolisation et peuvent induire des désordres physiologiques à l’instar des troubles endocrines et immunitaire. Les plastiques de grande taille peuvent, quant à eux, provoquer une obstruction intestinale et causer la mort de l’individu.

 Solutions pour atténuer l’impact des pots perdus sur l’environnement

En termes de solutions, l’étude a dégagé quelques pistes. Il s’agit entre autres de l’augmentation de la zone de la pêche artisanale, la réalisation des campagnes de ramassage des pots perdus et limitation du nombre des séries autorisées par embarcation.

D’autre part, pour limiter les impacts des pots en plastique, des mesures telles que la limitation du nombre des séries de pots au poulpe autorisées par embarcation, l’organisation de campagnes de nettoyage à terre (plages) et en mer (zones de pêche).

La dernière partie de l’étude établit une analyse comparative approfondie des alternatives possibles aux pots de pêche en plastique. Il ressort de cette analyse comparative que le pot en argile (terre cuite) pourrait être l’engin idéal pour substituer celui en plastique. En plus de son caractère biodégradable, cet engin présente les mêmes avantages que le pot en plastique en termes d’efficacité́ dans la pêche de poulpe et de manœuvrabilité́. Ceci pourrait être un facteur favorisant l’acceptation de cet engin par les pêcheurs artisans

En termes de solutions durables pour faire face au phénomène de pertes des pots de pêche à poulpe en plastique et leurs impacts négatifs sur l’environnement marin et spécifiquement sur les tortues marines, il faut réaliser une mission d’étude dans un pays qui utilise la technique de pêche avec les pots en argile, (Espagne ou Tunisie), acquérir un équipement de pêche pour une dizaine d’embarcations, réaliser une étude technique sur la mise en place d’unité́ de production des pots en argile sont des actions à entreprendre dans un futur proche, dans le cadre de la recherche de solutions durables.

Télécharger l’étude

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